A. Perret-Liaudet ; C. Ghaemmaghami ; G. Cozon ; J.L. Brunet.
RESUME
La néoptérine est produite et libérée des macrophages en grande quantité après stimulation par l'interféron gamma (IFN??). Sa stabilité biologique et sa quantification facilement réalisable en font un excellent marqueur de la stimulation de l'immunité cellulaire.
L'IFN? produit une augmentation intra cellulaire du guanosine tri-phosphate (GTP) parallèlement à la stimulation de la GTP cyclo-hydrolase aboutissant in fine à la production de néoptérine par le macrophage. Le rôle physiologique est encore mal connu : cependant, la toxicité antimicrobienne des macrophages est augmentée. Elle pourrait remplacer l'effet cytotoxique du NO° dans les macrophages humains.
La néoptérine est stable biologiquement : sa demi-vie dépend de la clearance rénale. Grâce à la stabilité de cette molécule, les conditions de prélèvement urinaire sont très conviviales : miction du matin, possibilité de conservation à l'abris de la lumière entre 4 et 8°C pendant une semaine. Le dosage de la néoptérine urinaire est réalisé par des en chromatographie liquide (CLHP). Dans les urines, les résultats sont exprimées en nmol/mmol de créatinine : les valeurs de référence sont age et sexe dépendants.
L'excrétion urinaire de la néoptérine est stable. Tout événement impliquant une stimulation macrophagique par l' IFN? va produire une élévation de la néoptérinurie. Ainsi, la néoptérinurie est un marqueur prédictif des rejets de greffe. Elle est très élevée dans les infections virales (VIH, CMV, VHC…) où le pic se situe avant la séroconversion. Dans les infections bactériennes, elle est d'autant plus élevée que ces bactéries sont intracellulaires ou lors de septicémies. Par ailleurs, on la retrouve augmentée dans la sarcoïdose, des pathologies auto-immunes, des pathologies cancéreuses notamment hématologiques.
Dans le syndrome de fatigue chronique (SFC) il a été démontré chez 50 % des patients une hypersensibilité de type retardée après IDR avec C. albicans. Une augmentation de l'excrétion urinaire de néoptérine a été retrouvée chez 24 patients sur 26 présentant une réaction systémique contre 3 sur 18 n'en présentant pas : la sensibilité et la spécificité de ce test (environ 90 %) sont encourageantes et nécessitent une confirmation sur une cohorte plus importante.
En conclusion, à la lumière des connaissances scientifiques et des premiers résultats dans le SFC, plusieurs questions sont posées :
- La néoptérinurie est-elle un marqueur du test de provocation par l'IDR utilisant les antigènes en cause ?
- Existe t-il une élévation du taux de néoptérinurie accompagnant le SFC ?
- Si oui, l'augmentation est-elle liée à l'importance des signes cliniques du SFC ?